Fête
de
l’Assomption
Luc 1,39-56
Avant d'être un jour de congé, la fête de
l'Assomption est une fête liturgique. Comme toutes les fêtes liturgiques, elle
se déroule au rythme de la fête de Pâques. Comme toute la vie chrétienne aussi.
En effet, nous l'oublions sans doute beaucoup trop, le centre de la foi
chrétienne, c'est une fête. Avec tout ce que suppose une fête, une vraie fête :
de l'émerveillement, de la joie, de la gratitude, de l'allégresse, de la
louange.
Mais c'est difficile de parler de la fête. C'est
beaucoup plus facile de parler des souffrances, des épreuves, des malheurs, des
peines, des ennuis, des catastrophes : ce sont des situations qui nous sont
plus proches, qui font partie de notre expérience bien plus immédiate. Ce
serait plus facile de parler des situations dans le monde que vous connaissez
aussi bien que moi, même si c'est pour dire qu'elles sont insupportables et
indignes de l'humanité.
Ce n'est pas ce que nous propose la liturgie. Et
sans rien oublier de ce que nous vivons, il nous faut accepter cette véritable
leçon de fête que nous recevons aujourd'hui. Une vraie fête, c'est contagieux.
Tous ceux qui perçoivent ce qui se passe, d'une manière ou d'une autre, tous
ceux qui vibrent à la résonance de la fête, ceux-là sont pris au jeu. Remarquez
: c'est ce qui arrive avec l'enfant qui est dans le sein d'Elisabeth. Il
tressaille d'allégresse, nous dit l'Evangile. La rencontre de Marie et
d'Elisabeth est une fête, une vraie fête, une fête de Dieu, et, même dans le
sein de sa mère, l'enfant en perçoit quelque chose.
Qu'est-ce que Marie nous apprend en ce sens ?
Qu'une fête , cela suppose d'abord l'attention à la présence de Dieu : avoir
assez de délicatesse pour s'apercevoir que Dieu est là, être suffisamment à
l'écoute pour que les merveilles de Dieu puissent nous être racontées, avoir
les yeux suffisamment ouverts pour détecter tous les signes de la présence de
Dieu au milieu de nous. Tout cela, pour se laisser aller à la joie de cette
constatation : Dieu est grand et sa toute première grandeur, c'est d'être là,
présent, au milieu des hommes et de leur histoire.
Marie, la Mère de Dieu, c'est pour nous une
véritable école de la fête, celle de l'humanité tout entière. Elle est le lieu
où nous pouvons apprendre à son contact à devenir un peuple en fête. Il y a un
psaume qui dit : Heureux le peuple qui sait l'acclamation, heureux le peuple
qui est capable d'être un peuple en fête, c'est-à-dire un peuple qui reconnaît
la grandeur d'un Dieu qui a montré qu'il était capable de s'occuper des
pauvres, des humbles, des petits.
J'ai parlé d'une école. La leçon que nous avons
à y apprendre est tout entière dans le Magnificat, le cantique de la Vierge
Marie. Elle nous prête sa voix, à nous qui sommes pauvres, souffrants,
humiliés, écrasés; et elle fait de nous des gens étonnés et surpris de la
tendresse réelle de Dieu, des gens qui écoutent attentivement ce que l'action
de Dieu produit en nous. Le Puissant fit pour moi des merveilles : que nous
faut-il de plus pour entamer la fête ?
Pour le Juif, la merveille de Dieu, la fête,
c'est que le peuple soit sorti d'Egypte. Pour le chrétien, la merveille de
Dieu, la fête, c'est que le Christ soit ressuscité, qu'il nous ait sorti d'un
monde où il n'y avait pas de place pour l'espérance, le pardon, la
réconciliation. Pour Marie, élevée au ciel, la merveille de Dieu, la fête,
c'est d'être la première invitée à cette fête, la première à pouvoir en
partager toute la joie.
Est-ce que nous serons capables de faire nôtre
cette fête de Dieu, celle-ci, mais également toutes celles que la liturgie met
sur notre route ? Est-ce que nous serons capables d'ouvrir notre cœur à une
joie partagée ? Est-ce que l'eucharistie sera pour nous une vraie fête ?
P. Nicolas Dayez osb [°1937 – 〸2021]
Homélie pour l’Eucharistie de la Fête de
l’Assomption
Maredsous, le 15 août 1994
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