31 décembre 2021

À propos de la liturgie


1 janvier

Fête de Marie, Mère de Dieu

(Lc 2,16-21)

Le calendrier liturgique ne fête pas le premier jour de l'année civile. Il n'a pas choisi les lectures en fonction de cette circonstance. Huit jours après Noël, nous sommes invités à fêter Marie, sous son plus beau titre, celui qui explique et justifie la vénération dont nous l'entourons : Marie, la Mère de Dieu.

Marie a été capable d'accepter qu'un jour, quelque chose d'inattendu commence dans sa vie. Elle a accueilli l'arrivée d'un événement qui était tout-à-fait inattendu. Et elle l'a accueilli comme quelque chose qui allait se dérouler progressivement. Qu'il me soit fait selon ta Parole : c'était se mettre dans la main de Dieu, qui allait désormais la conduire là où Dieu voulait la conduire. Marie a accepté ce cheminement, accepté que les choses ne se fassent pas tout de suite, accepté qu'il y faille du temps.
 
Marie a donc été capable aussi d'accepter que ce qui avait commencé se poursuive. L'annonciation marquait un commencement ; la naissance du Christ marquait aussi un commencement ; le retour à Nazareth allait en marquer encore un autre ; et ensuite l'entrée dans la vie publique, avec le baptême, la montée à Jérusalem, la mort la résurrection. Tout cela fait autant d'étapes sur une route ; autant d'occasions de commencements ou de recommencements, chaque fois qu'il fallait se faire à du nouveau. L'Evangile nous montre Marie, la Mère de Dieu, traversant toutes ces étapes, acceptant toujours de poser un pied devant l'autre, même quand le pas suivant à faire semble tout autre que celui qui a précédé.

Marie a manifesté en tout cela une grande fidélité à sa parole première. Elle est restée fidèle à travers tout, vigilante, toujours reliée à la fidélité de Dieu qui la suivait et qui la précédait, toujours soucieuse de rattacher ce qu'elle vivait aux événements qu'elle avait connus et qu'elle gardait dans son cœur.

Il me semble qu'elle peut nous inspirer aujourd'hui où nous abordons une nouvelle année. Même si tout cela est finalement assez conventionnel, le passage d'un millésime à l'autre marque pour nous une série de commencements, de recommencements, de possibilités de créer, de récréer. Nous nous trouvons devant un espace neuf à remplir. Nous sommes invités à en accepter le défi : non seulement dans notre vie de tous les jours, mais aussi dans la vie de notre foi. Il est possible que Dieu me parle aujourd'hui d'une manière nouvelle : me voilà donc invité à accepter ce commencement, ce recommencement, avec la disponibilité qu'y a mise la Vierge Marie.

En tout cela, il faut nous enraciner dans le temps de Dieu, dans sa longue fidélité, dans la longue patience qu'il a envers nous et qui doit nous apporter la véritable paix à l'intérieur de nous-mêmes, la réconciliation de ce que nous avons vécu hier et ce que nous vivrons demain, l'unification de notre réponse à l'amour de Dieu.
 
Passer d'une année à l'autre, c'est à la fois remercier Dieu de ce qu'il a été, lui rendre grâces de ce qu'il sera et lui redire toujours notre disponibilité : qu'il me soit fait selon ta Parole, aujourd'hui comme hier et demain.

P. Nicolas Dayez

Maredsous 1.1.1994





24 décembre 2021

À propos de la liturgie

 


NOËL 

Une naissance, c’est tout à la fois un aboutissement et un commencement. L’aboutissement d’un long temps de gestation et de préparatifs ; le commencement d’une vie appelée à devenir de plus en plus libre et autonome. « Que sera cet enfant ?», questionnait-on à la naissance de Jean le Baptiste, précurseur du Messie. Jésus naît dans l’obscurité, au terme du temps d’attente et de mûrissement que nous appelons l’Ancien Testament. Sa vie humaine fut brève, soldée par un échec et une mort infâme d’où nous croyons, sur le témoignage de quelques femmes, qu’il s’est relevé vainqueur. Ressuscité, il « est avec nous pour toujours jusqu’à la fin du monde », comme il l’a promis : « Emmanuel », Dieu avec nous.

Sa vie se poursuit, en nous et avec nous. Son mystère est un. Quand nous fêtons à Noël l’anniversaire de sa naissance, nous célébrons l’aurore d’un Jour qui ne se couchera plus. Nos existences, personnelles et collectives, n’ignorent rien des tâtonnements, des angoisses, des remous et des espérances qui ont précédé sa venue tout au long de l’histoire. Aujourd’hui, nos vies sont appelées à s’unir à la sienne, à l’accueillir dans l’obscurité et dans la joie, à la partager aussi dans la souffrance et même l’échec, mais surtout à y communier en témoins de la création nouvelle inaugurée par sa résurrection. Noël nous rappelle que nous appartenons déjà à ce monde nouveau, celui de l’amour, reçu, donné et à donner inlassablement.




Joyeux Noël à tous !














11 décembre 2021

À propos de la liturgie

 


3ième Dimanche de l’Avent,

de

Gaudete

Année C

Luc 3,1-10



À l’ouverture de la période de l’Avent, l’Évangile nous parlait, bien sûr, de la venue du Christ. Il évoquait, comme contexte de cette venue, les événements de la fin des temps. Dimanche dernier, saint Luc se faisait beaucoup plus précis pour situer, dans l’histoire de l’humanité, la venue du Fils de Dieu. Aujourd’hui, nous voici devant le prophète qui a précédé immédiatement le Christ, qui a été chargé de désigner l’Agneau de Dieu. Jean-Baptiste répond à la question que nous nous posons tous. Moi qui suis disciple du Christ, moi qui ai reçu le baptême, qu’est-ce que je dois faire pour traduire concrètement cette disposition qui est en moi ? Que devons-nous faire ? demandent les foules, les publicains, les soldats.




La réponse de Jean-Baptiste mérite d’être méditée. Elle n’a rien de révolutionnaire. Elle ne dit pas aux publicains qu’ils font un sale métier et qu’ils feraient mieux de l’abandonner. Elle leur dit, au contraire, de faire leur métier, mais de le faire dans les limites de ce métier. Elle ne conseille pas aux soldats de pratiquer l’objection de conscience. Elle leur demande de ne pas abuser de leur rôle, de ne pas sortir de ce qui est leur devoir. Et, au tout venant, Jean-Baptiste demande de partager, pour autant qu’on ait de quoi partager. Il n’y a donc aucune invitation à l’héroïsme, aucune suggestion de se montrer bien au-dessus de ce que nous appellerions une bonne moyenne.


En s’exprimant de cette façon, Jean-Baptiste prépare le chemin à Jésus. Il éduque le regard de ceux et celles qui devront le reconnaître. Il commence à leur dessiner le portrait de celui qui ne vient pas précisément pour sortir du rang. Que de méprises il y aura à ce sujet, même chez les disciples les plus fidèles et jusqu’au lendemain de la résurrection. Est-ce maintenant que tu vas restaurer le royaume d’Israël ?

Jésus n’a pas exigé de Zachée qu’il abandonne son métier de publicain. Rien ne nous dit que Zachée ne le soit pas resté au lendemain de sa mémorable rencontre. Mais il n’aura plus exercé son métier de la même façon. Jésus n’a pas dit au centurion romain de quitter son uniforme. Il a au contraire été rempli d’admiration devant cet homme, le seul à avoir suscité une telle réaction chez Jésus. Plein d’admiration devant sa foi, qu’il parvenait à vivre au cœur même de sa charge, qu’il parvenait même à exprimer en prenant ses exemples dans le concret de tous les jours. J’ai des soldats sous mes ordres, je dis à l’un : va, et il va ; à l’autre : viens, et il vient.

En répondant comme il le fait aujourd’hui, Jean-Baptiste exerce son rôle de nous introduire à la connaissance du Christ. C’est souvent parce qu’il est trop ordinaire que nous risquons de passer à côté de lui sans le remarquer. Comme les contemporains de Nazareth. C’est parce qu’il partage notre humanité de trop près que son message risque toujours de ne pas nous atteindre. C’est parce qu’il demande de nous des choses trop peu extraordinaires que nous serons toujours tentés de ne pas lui répondre.

Est-ce prêcher l’embourgeoisement, la médiocrité, la banalité, le quelconque ? Seuls ceux et celles qui n’ont pas voulu durer et persévérer envisagerons les choses de cette façon-là. Baptiser dans l’Esprit-Saint et le feu n’est pas appeler sur nous les éclairs du Sinaï. N’est-ce pas appeler plutôt dans notre cœur un feu capable de brûler, capable de résister, capable de couver, capable de flamber, capable d’illuminer, capable de chauffer ? L’amour, répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint, ne fait pas autre chose. Il ne nous sort pas des sentiers ordinaires du quotidien. Au contraire, il nous y maintient. Là, avec Jean-Baptiste, nous apprenons à y reconnaître Celui qui doit venir, Celui qui vient.

P. Nicolas Dayez

 Homélie pour le 3ième Dimanche de l'Avent (Vigiles)

Maredsous, 13.12.1997