11 décembre 2021

À propos de la liturgie

 


3ième Dimanche de l’Avent,

de

Gaudete

Année C

Luc 3,1-10



À l’ouverture de la période de l’Avent, l’Évangile nous parlait, bien sûr, de la venue du Christ. Il évoquait, comme contexte de cette venue, les événements de la fin des temps. Dimanche dernier, saint Luc se faisait beaucoup plus précis pour situer, dans l’histoire de l’humanité, la venue du Fils de Dieu. Aujourd’hui, nous voici devant le prophète qui a précédé immédiatement le Christ, qui a été chargé de désigner l’Agneau de Dieu. Jean-Baptiste répond à la question que nous nous posons tous. Moi qui suis disciple du Christ, moi qui ai reçu le baptême, qu’est-ce que je dois faire pour traduire concrètement cette disposition qui est en moi ? Que devons-nous faire ? demandent les foules, les publicains, les soldats.




La réponse de Jean-Baptiste mérite d’être méditée. Elle n’a rien de révolutionnaire. Elle ne dit pas aux publicains qu’ils font un sale métier et qu’ils feraient mieux de l’abandonner. Elle leur dit, au contraire, de faire leur métier, mais de le faire dans les limites de ce métier. Elle ne conseille pas aux soldats de pratiquer l’objection de conscience. Elle leur demande de ne pas abuser de leur rôle, de ne pas sortir de ce qui est leur devoir. Et, au tout venant, Jean-Baptiste demande de partager, pour autant qu’on ait de quoi partager. Il n’y a donc aucune invitation à l’héroïsme, aucune suggestion de se montrer bien au-dessus de ce que nous appellerions une bonne moyenne.


En s’exprimant de cette façon, Jean-Baptiste prépare le chemin à Jésus. Il éduque le regard de ceux et celles qui devront le reconnaître. Il commence à leur dessiner le portrait de celui qui ne vient pas précisément pour sortir du rang. Que de méprises il y aura à ce sujet, même chez les disciples les plus fidèles et jusqu’au lendemain de la résurrection. Est-ce maintenant que tu vas restaurer le royaume d’Israël ?

Jésus n’a pas exigé de Zachée qu’il abandonne son métier de publicain. Rien ne nous dit que Zachée ne le soit pas resté au lendemain de sa mémorable rencontre. Mais il n’aura plus exercé son métier de la même façon. Jésus n’a pas dit au centurion romain de quitter son uniforme. Il a au contraire été rempli d’admiration devant cet homme, le seul à avoir suscité une telle réaction chez Jésus. Plein d’admiration devant sa foi, qu’il parvenait à vivre au cœur même de sa charge, qu’il parvenait même à exprimer en prenant ses exemples dans le concret de tous les jours. J’ai des soldats sous mes ordres, je dis à l’un : va, et il va ; à l’autre : viens, et il vient.

En répondant comme il le fait aujourd’hui, Jean-Baptiste exerce son rôle de nous introduire à la connaissance du Christ. C’est souvent parce qu’il est trop ordinaire que nous risquons de passer à côté de lui sans le remarquer. Comme les contemporains de Nazareth. C’est parce qu’il partage notre humanité de trop près que son message risque toujours de ne pas nous atteindre. C’est parce qu’il demande de nous des choses trop peu extraordinaires que nous serons toujours tentés de ne pas lui répondre.

Est-ce prêcher l’embourgeoisement, la médiocrité, la banalité, le quelconque ? Seuls ceux et celles qui n’ont pas voulu durer et persévérer envisagerons les choses de cette façon-là. Baptiser dans l’Esprit-Saint et le feu n’est pas appeler sur nous les éclairs du Sinaï. N’est-ce pas appeler plutôt dans notre cœur un feu capable de brûler, capable de résister, capable de couver, capable de flamber, capable d’illuminer, capable de chauffer ? L’amour, répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint, ne fait pas autre chose. Il ne nous sort pas des sentiers ordinaires du quotidien. Au contraire, il nous y maintient. Là, avec Jean-Baptiste, nous apprenons à y reconnaître Celui qui doit venir, Celui qui vient.

P. Nicolas Dayez

 Homélie pour le 3ième Dimanche de l'Avent (Vigiles)

Maredsous, 13.12.1997






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