Saint Benoît, patron
de l’Europe
À propos
du Prologue de la Règle de Saint Benoît
Saint Benoît, patron
de l’Europe, adresse sa règle à tous les humains : « … à toi, qui que
tu sois »*. L’invitation est sans limite. Elle va au-devant du désir caché
en chacun d’entre nous : la vie et le bonheur. Qui ne souhaite pas vivre
et être heureux ? Quoi de plus universel que l’aspiration au bonheur
? quoi de plus exceptionnel aussi que la satisfaction de ce désir, pleine
et durable ? Mais qui est vraiment prêt à en payer le prix ? et quel est
ce prix ? Surtout, de quel bonheur s’agit-il ? et de quelle vie ?
Toutes ces questions
habitent l’esprit de Saint Benoît. Le long Prologue de sa Règle en témoigne dès
les premières lignes. La « vie » dont il s’agit est la Vie même
de Dieu, sa « gloire », sa « lumière ». Le
« bonheur » qui la définit est celui d’une rencontre : « Me
voici ! ». Dieu n’est pas une idée, la conclusion d’un raisonnement, une
conviction philosophique. Il est la vie elle-même, en chacun d’entre nous, avec
l’amour dont nous recherchons tous la « douceur ineffable ». La vie
et le véritable amour ne s’expliquent pas, ils se méritent encore moins ;
ils sont donnés. Uniques et différents, pour chacun d’entre nous.
Encore faut-il non
seulement les recevoir, mais aussi les garder et, pour cela, les entretenir. Là
se trouve le prix du bonheur dont Saint Benoît veut montrer le chemin. À
l’école d’un « Maître » et d’un « Père », « le Christ,
notre véritable Roi », il nous offre, pour ainsi dire, ‘le guide pratique’
de l’Évangile, un manuel de la ‘recherche de Dieu pour tous’. Le premier pas
dans l’apprentissage de cette recherche de la vie et du bonheur consiste en une
décision : celle de « changer de direction » pour passer du
moi au toi, d’un objectif intéressé, tourné vers son profit personnel, à
un objectif désintéressé, défini par un autre et pour un autre. Cet autre,
c’est le frère ou la sœur rencontrés au quotidien et, à travers eux, c’est
Dieu, imploré dans « la prière » dès avant le départ. Quant au chemin, sa
Parole en trace l’itinéraire chaque jour.
Les obstacles sur la
route ne manquent pas. Le premier, le principal, vient de la difficulté à
« écouter », doublé de la lenteur à « se lever ».
Distraction et paresse guettent chacun sur le chemin de l’attention aux autres
et à l’Autre, un chemin où Saint Benoît invite pourtant à « courir »
… Moines et moniales ne détiennent pas l’exclusivité de la course, loin de
là ! Il y a autant d’itinéraires et de coureurs potentiels qu’il existe de
situations humaines vécues, quelles qu’elles soient et en tous lieux ;
autant d’appels à remporter la course, avec la douceur de l’amour. La
paix est ce prix et chacun est candidat au titre de champion !
À tous, joyeuse fête de Saint Benoît !
[*Les mots ou
expressions entre guillemets sont tous empruntés au Prologue de la Règle de
Saint Benoît.]
Moulin de Maredsous,
fête de Saint Benoît,
11 juillet 2023
Sr Loyse Morard osb