05 août 2021

À propos de la liturgie

 

Transfiguration

Au tournant de l’année quand la longueur des jours commence à diminuer, la liturgie commémore la « Transfiguration » de Jésus sur la montagne. Lui-même est au tournant de sa vie. Son succès auprès des foules va bientôt se muer en rejet. Il sait que ce retournement appartient à sa mission et qu’il le conduira à la mort. Ses comportements scandalisent les bien-pensants, ses gestes de bienveillance et d’amour sont mal interprétés, ses paroles rencontrent l’incompréhension de ses disciples eux-mêmes. Malgré leur enthousiasme et leur attachement, ils peinent à le suivre.
Sur la montagne, Pierre, Jacques et Jean sont les témoins de la mystérieuse conversation qu’il tient avec Moïse et Elie, grands ambassadeurs de la Parole divine avant lui. De la nuée, la voix du Père les interpelle : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le ». À leurs oreilles, Jésus est confirmé dans son identité de « Fils bien-aimé », selon la révélation reçue au commencement de son ministère. Il est l’objet, de la part de son Père, d’une prédilection toute particulière où s’enracine sa vie. Sa mission d’adulte repose sur la certitude née de cette déclaration : « Tu es mon Fils bien-aimé ».
Au moment où s’amorce le tournant qui le mènera à la mort, la même révélation se répète à son sujet, à l’adresse de ses intimes appelés à communier à son destin jusqu’au bout. Il l’entend et, dans l’assurance renouvelée de cet amour dont les siens sont à la fois les témoins et les confidents, il puisera la force d’affronter les événements qui l’attendent. Un grand amour s’entoure de silence. Ses témoins doivent attendre sa fin pour l’interpréter sans malentendu. Les disciples reçoivent l’ordre de se taire ; ils ne voient plus que Jésus seul.



Nous aussi ne voyons que Jésus seul et nous posons cette question : de quoi celui-ci pouvait-il bien parler avec Moïse et Élie, en ce moment décisif de sa vie humaine ? Ses deux interlocuteurs évoquaient peut-être pour lui les peines de leur propre mission que lui-même porterait bientôt à son accomplissement. Moïse, objet de la jalousie de ses proches, aux prises avec les critiques, les plaintes et les récriminations du peuple, n’en était-il pas arrivé à s’exclamer à l’adresse de Dieu : « C’est trop lourd pour moi, tue-moi plutôt » ? Elie, lui aussi, avait subi l’indifférence de son entourage et la persécution des grands, au point qu’il avait pris la fuite et souhaité mourir. Leur mission les avait menés tous deux jusqu’aux portes de la mort. Jésus, lui, franchira ces portes et les ouvrira définitivement afin d’entraîner derrière lui toute l’humanité.

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Nous marchons à sa suite aujourd’hui et notre chemin, comme le sien, en compagnie de Moïse et d’Elie, intègre la contradiction, la souffrance et la mort. Pour ressusciter avec lui. 





 

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