3ième
Dimanche de l’Avent,
de
Gaudete
Année C
Luc 3,1-10
À l’ouverture de la
période de l’Avent, l’Évangile nous parlait, bien sûr, de la venue du Christ.
Il évoquait, comme contexte de cette venue, les événements de la fin des temps.
Dimanche dernier, saint Luc se faisait beaucoup plus précis pour situer, dans
l’histoire de l’humanité, la venue du Fils de Dieu. Aujourd’hui, nous voici
devant le prophète qui a précédé immédiatement le Christ, qui a été chargé de
désigner l’Agneau de Dieu. Jean-Baptiste répond à la question que nous nous
posons tous. Moi qui suis disciple du Christ, moi qui ai reçu le baptême,
qu’est-ce que je dois faire pour traduire concrètement cette disposition qui est
en moi ? Que devons-nous faire ? demandent les foules, les
publicains, les soldats.
La réponse de
Jean-Baptiste mérite d’être méditée. Elle n’a rien de révolutionnaire. Elle ne
dit pas aux publicains qu’ils font un sale métier et qu’ils feraient mieux de l’abandonner.
Elle leur dit, au contraire, de faire leur métier, mais de le faire dans les
limites de ce métier. Elle ne conseille pas aux soldats de pratiquer
l’objection de conscience. Elle leur demande de ne pas abuser de leur rôle, de
ne pas sortir de ce qui est leur devoir. Et, au tout venant, Jean-Baptiste
demande de partager, pour autant qu’on ait de quoi partager. Il n’y a donc
aucune invitation à l’héroïsme, aucune suggestion de se montrer bien au-dessus
de ce que nous appellerions une bonne moyenne.

En s’exprimant de
cette façon, Jean-Baptiste prépare le chemin à Jésus. Il éduque le regard de
ceux et celles qui devront le reconnaître. Il commence à leur dessiner le
portrait de celui qui ne vient pas précisément pour sortir du rang. Que de
méprises il y aura à ce sujet, même chez les disciples les plus fidèles et
jusqu’au lendemain de la résurrection. Est-ce maintenant que tu vas restaurer
le royaume d’Israël ?
Jésus n’a pas exigé
de Zachée qu’il abandonne son métier de publicain. Rien ne nous dit que Zachée
ne le soit pas resté au lendemain de sa mémorable rencontre. Mais il n’aura
plus exercé son métier de la même façon. Jésus n’a pas dit au centurion romain
de quitter son uniforme. Il a au contraire été rempli d’admiration devant cet
homme, le seul à avoir suscité une telle réaction chez Jésus. Plein
d’admiration devant sa foi, qu’il parvenait à vivre au cœur même de sa charge,
qu’il parvenait même à exprimer en prenant ses exemples dans le concret de tous
les jours. J’ai des soldats sous mes ordres, je dis à l’un : va, et il
va ; à l’autre : viens, et il vient.
En répondant comme il
le fait aujourd’hui, Jean-Baptiste exerce son rôle de nous introduire à la
connaissance du Christ. C’est souvent parce qu’il est trop ordinaire que nous
risquons de passer à côté de lui sans le remarquer. Comme les contemporains de
Nazareth. C’est parce qu’il partage notre humanité de trop près que son message
risque toujours de ne pas nous atteindre. C’est parce qu’il demande de nous des
choses trop peu extraordinaires que nous serons toujours tentés de ne pas lui
répondre.
Est-ce prêcher
l’embourgeoisement, la médiocrité, la banalité, le quelconque ? Seuls ceux
et celles qui n’ont pas voulu durer et persévérer envisagerons les choses de
cette façon-là. Baptiser dans l’Esprit-Saint et le feu n’est pas appeler sur
nous les éclairs du Sinaï. N’est-ce pas appeler plutôt dans notre cœur un feu
capable de brûler, capable de résister, capable de couver, capable de flamber,
capable d’illuminer, capable de chauffer ? L’amour, répandu dans nos cœurs
par l’Esprit-Saint, ne fait pas autre chose. Il ne nous sort pas des sentiers
ordinaires du quotidien. Au contraire, il nous y maintient. Là, avec
Jean-Baptiste, nous apprenons à y reconnaître Celui qui doit venir, Celui qui
vient.
P. Nicolas Dayez
Homélie pour le 3ième Dimanche de l'Avent (Vigiles)
Maredsous, 13.12.1997